Officiellement entré en fonction le 20 janvier dernier, le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden a certainement un agenda de politique extérieure à exécuter. Quelle place occupe l’Afrique dans cette politique ? L’administration Biden, se tournera-t-elle plus vers l’Afrique que celle de Trump ? Ce sont des interrogations qui méritent qu’on y apporte des réponses. Mais les premiers actes posés par le nouveau propriétaire de la Maison blanche donnent déjà des indications sur le sujet.
Une politique d’immigration moins radicale
Image source : President Joe Biden speaks during the 59th Presidential Inauguration at the U.S. Capitol in Washington, Wednesday, Jan. 20, 2021.(AP Photo/Patrick Semansky, Pool)
Contrairement à son prédécesseur qui a eu des relations souvent tendues avec l’Afrique où il ne s’est jamais rendu durant son mandat, Joe Biden priorisera un « respect mutuel ». Il a donné l’exemple dès sa prise de fonction. Faut-il le rappeler, au cours de son mandat, Donald Trump a eu à prendre des décrets d’interdiction de voyage aux USA appelés « Travel ban » touchant certains pays africains que sont le Soudan, la Libye, la Somalie, le Tchad, le Nigeria et la Tanzanie. Mais dès son entrée en fonction, Biden a signé une proclamation révoquant les interdictions de voyager de Trump.
Le nouveau président a qualifié ces dispositions d’ « erreur pure et simple ». Ces interdictions annulées, stipulaient que certains demandeurs de visa d’immigration venant des pays concernés n’étaient pas acceptables. Le secrétaire d’Etat américain a ordonné à toutes les ambassades et consulats américains de traiter les demandes de visa faites par des personnes précédemment affectées par les restrictions désormais annulées.
Ces demandes de visa seront traitées de manière conforme aux procédures actuelles qui tiennent compte de la pandémie de Covid-19. « Lorsqu’un demandeur de visa postulera pour l’entrée aux États-Unis, nous appliquerons un système de contrôle rigoureux et individualisé. Mais nous n’abandonnerons pas nos valeurs avec des interdictions d’entrée aux États-Unis discriminatoires. »
Des déclarations qui promettent un partenariat rapproché
Image source : Drapeau de l’Union Africaine (UA)
Lors du dernier sommet de l’Union africaine (UA), le président Joe Biden a promis de travailler avec les Africains sur les questions de la lutte contre le coronavirus et le changement climatique. Il compte également se baser sur un multilatéralisme pour mettre fin aux conflits sur le continent. Dans un message vidéo adressé aux participants du sommet, le nouveau président américain déclare que « Rien de tout cela ne sera pas facile, mais les États-Unis se tiennent prêts maintenant pour être votre partenaire dans la solidarité, le soutien et le respect mutuel ». Il veut aussi s’engager à investir dans des institutions démocratiques et dans la promotion des droits humains de tous : femmes, individus en situation de handicap, etc.
Contrairement à Donald Trump qui ne s’est pas rendu en Afrique, Joe Biden prépare déjà un voyage sur le continent en affirmant aux participants au sommet de l’UA « J’espère pouvoir être avec vous en personne la prochaine fois ». Une déclaration qui montre que l’amélioration des relations entre les USA et l’Afrique lui tiennent à cœur.
La nomination d’un africain à la tête de la MCC
Image source : Mahmoud Bah, directeur général adjoint du Mcc
L’un des actes majeurs qu’a posés Joe Bien pour montrer l’opposition de sa politique étrangère envers l’Afrique, est la nomination de l’Américano-Guinéen Mahmoud Bah comme dirigeant intérimaire de la Millennium Challenge Corporation (MCC). Cette institution indépendante du gouvernement américain fournit des subventions et une assistance économique à certains pays, dont une vingtaine d’états africains.
Le nouveau directeur de la MCC est né à Lomé (Togo) et a étudié à l’Université du Maryland aux États-Unis. Il a exercé plusieurs fonctions au sein de la MCC depuis une dizaine d’années. Cette agence revendique une approche innovante de l’aide publique au développement.
Un prochain sommet de chefs d’états africains
En 2014, l’ancien président des États-Unis Barack Obama avait réuni à Washington les dirigeants de l’Afrique pour tisser des liens économiques plus solides avec le continent africain. Joe Biden compte lui emboîter les pas afin de rééditer cette initiative. Il a donc fait la promesse de l’organisation d’un tel sommet très prochainement dans le but de mieux réfléchir sur des sujets importants relatifs au développement de l’Afrique.
Il convient de faire remarquer que les États-Unis s’intéresseront aux sujets africains immédiats. Il s’agit notamment du conflit éthiopien, le soudan, la Libye, le Sahara occidental, la lutte contre le djihadisme au Sahel. De toute évidence, Joe Biden va déjà à contre-courant sur Donald Trump en ce qui concerne les rapports entre l’une des plus grandes puissances mondiales et le continent africain.