Les monnaies virtuelles autrement désignées crypto-monnaies ont fait leur apparition sur le continent africain depuis quelques années. Plusieurs investisseurs lui manifestent un intérêt croissant, ce qui renforce les transactions virtuelles dans plusieurs secteurs d’activité. Ces crypto-monnaies dont le principe est de contourner les règlements des monnaies officielles de chaque Etat, rencontrent une opposition des autorités étatiques ou bancaires de certains pays africains pour des raisons sécuritaires. Encore peu connues du grand public, ces monnaies virtuelles comportent des avantages mais aussi d’énormes risques.
Quel est le fonctionnement des crypto-monnaies ?
La crypto-monnaie représente une monnaie purement virtuelle, une monnaie que l’on ne peut toucher. Elle n’est opérationnelle qu’en ligne, via Internet. Sa fabrication se fait par codage et les transactions sont stockées dans une base de données dénommée « blockchain ».
Le bitcoin a été la première crypto-monnaie créée en 2009 par Satoshi Nakamoto (photo). Sa popularité et son influence dans le secteur a poussé le G20 à le qualifier de « crypto-actif ». Ce terme fait référence à des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale. Après le succès du bitcoin, plusieurs autres crypto-monnaies ont vu le jour et continuent de naitre. C’est le cas par exemple du Litecoin, l’Ethereum, le Dogecoin ou le Yem. En Afrique, les crypto-monnaies comme l’Afro, l’Africa master coin et autres ont émergé.
Ces monnaies sont alternatives et n’ont de cours légal dans aucun pays du monde. Leur valeur n’est pas indexée sur le cours de l’or ni sur celle des devises classiques et elles ne sont pas non plus régulées par un organe central ou des institutions financières. Il n’y a pas de banques centrales à leur tête.
Quels avantages présentent-elles ?
Les crypto-monnaies sont utilisées pour effectuer des achats de produits, des services auprès des structures, entreprises ou établissement qui la reconnaissent. Il faut noter qu’elle peut être changée avec d’autres monnaies physiques. Elles ont pour principaux atouts, la transparence dans les transactions. En effet, la cryptographie sécurise les transactions qui sont toutes vérifiées et enregistrées dans un domaine public, assurant tout à la fois confidentialité et authenticité grâce à la technologie Blockchain. Cette technologie permet de contourner l’ensemble du secteur financier mais aussi certains secteurs comme le secteur juridique ou administratif en permettant de se passer de tiers de confiance. Il n’est donc plus nécessaire d’avoir un acte notarié ou de registre d’état civil ou encore de cadastre. Cette technologie distribue un registre qui participe à rendre plus transparentes les données.
Les transactions sont anonymes et les données des utilisateurs sont sécurisées et protégées. Il y a donc un faible risque de vol d’identité inhérent à toutes les formes de paiement numérique.
Un nombre croissant d’investisseurs africains
En Afrique, c’est sans surprise le Bitcoin qui arrive en tête des crypto-monnaies les plus actives sur le continent. Les investisseurs optent pour ces types de monnaie afin de contourner les fortes inflations. Selon Rakesh Sharma, journaliste en économie et technologie, « les crypto-monnaies, fondées sur un principe de décentralisation, offrent une alternative aux politiques désastreuses des banques centrales ». D’après des informations publiées par gobicoin.io, les principaux utilisateurs de Bitcoin en Afrique sont le Botswana, le Ghana, le Kenya, le Nigéria, l’Afrique du sud et le Zimbabwe. Parmi ces pays, le Nigéria et le Zimbabwe connaissent souvent un taux d’inflation à deux chiffres.
Certains investisseurs choisissent d’investir dans les crypto-monnaies parce qu’ils ont peur d’un effondrement du système bancaire ou une mainmise arbitraire du gouvernement sur celui-ci. D’autres optent pour les monnaies virtuelles car ils vivent dans des pays instables politiquement et économiquement.
Face à l’expansion des crypto-monnaies en Afrique, plusieurs start-up ont été créées pour agir dans le domaine. Abra au Malawi et au Maroc, GeoPay en Afrique du Sud, BitMari au Zimbabwe. Des applications mobiles comme Plaas et BitPesa ont été lancées pour faciliter le transfert d’argent sur le continent et à l’international.
Les crypto-monnaies comportent aussi des risques
Les crypto-monnaies peuvent se révéler comme un système risqué et fragile. Leur valeur vacille et est capable de ruiner des investisseurs. Elles sont sans réglementation et peuvent donc rapporter gros mais également faire chuter drastiquement. L’autre risque est qu’elles servent à des organisations criminelles. Aux Etats-Unis, le Bitcoin est très utilisé par les trafiquants de drogue.
Le risque de se faire arnaquer est aussi grandissant. En 2018 par exemple, plus de 27 500 personnes, y compris des Sud-Africains, avaient perdu plus de 50 millions de dollars après avoir transféré leurs Bitcoins vers un portefeuille “piège” en ligne. Une femme du nom de Ruja Ignatova s’est fait passer pour une créatrice d’une crypto-monnaie (One Coin) pouvant rivaliser avec le Bitcoin. Elle a réussi à persuader plusieurs personnes d’investir des milliards. Après avoir récupéré l’argent, elle a disparu.
Le russe Alexander Vinnik (Photo), a été accusé d’avoir détourné 650 000 bitcoins (plus de 31 milliards $ au cour actuel).

La méfiance des institutions bancaires
L’absence total de contrôle des autorités bancaires sur les crypto-monnaies pose un véritable problème quant à leur acceptation dans certains pays. Au Nigéria, la Banque Centrale (CBN) est depuis 2017 dans la logique d’éloigner les crypto-monnaies des transactions bancaires. Le 5 février dernier, la CBN a publié une directive ordonnant aux banques et à l’ensemble des établissements financiers qui opèrent au Nigéria de bloquer les transactions de monnaies virtuelles. Cette décision vise à contraindre l’expansion des crypto-monnaies qui connaissent une hausse très poussée, ce qui inquiète les gouverneurs de la Banque Centrale.
Certains pays africains comme l’Afrique du Sud pensent à la régulation de ce secteur qui attire beaucoup de monde de plus en plus. Pour rappel, ce n’est pas seulement au Nigéria que les crypto-monnaies sont en difficulté. Selon la BBC, la Chine, Taiwan, l’Iran, le Canada et plusieurs autres pays ont mis en place des restrictions sur leur utilisation.