Les rideaux viennent de tomber en Côte d’Ivoire sur le 2e congrès ordinaire du Rassemblement des Houphouetistes pour le développement et la paix (RHDP) qui s’est tenu ces 20 et 21 Juin à Abidjan. Alors qu’il a été désigné dès la première journée des travaux du congrès, comme Candidat du RHDP pour la présidentielle d’octobre prochain par les congressistes, Allassane Ouattara maintient toujours le suspens sur ses intentions.
En effet, répondant aux résolutions du congrès et aux souhaits des militants du parti qui ont multiplié ces dernières semaines des appels à sa candidature pour la présidentielle d’octobre prochain, le Président Ouattara a déclaré :
« Je vous ai entendus. Je veux donc vous dire aujourd’hui ceci : je vous ai compris. Merci pour votre confiance. Je prendrai, dans les jours à venir, après mûre réflexion, à mon âme et conscience, une décision »,
Maîtrise du tempo politique et de l’horloge électorale
Loin d’être une hésitation face à la pression de l’opposition qui est vent debout contre une nouvelle candidature de Ouattara, cette réponse à ses militants semble relever d’une stratégie calculée de maîtrise de l’horloge électorale et du temps politique.
À un mois de l’ouverture du dépôt des dossiers de candidature pour l’élection présidentielle prévue pour le 25 Octobre prochain, l’incertitude quant à la candidature de Ouattara à ces élections, induit un effet de brouillard stratégique sur l’échiquier électoral et complexifie la tâche à l’opposition déjà fragilisée par l’absence sur la liste électorale de certaines personnalités comme Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, tous candidats désignés de leurs partis pour cette élection présidentielle.
Alors que le calendrier électoral continue son cours normal et que l’opposition se bat toujours pour l’inscription de ses candidats sur la liste électorale, elle ne sait toujours pas encore, contre quelle figure du RHDP elle devra élaborer sa stratégie pour aborder efficacement cette échéance électorale.
Une candidature au-delà des querelles des partis
Par ailleurs, alors que l’opposition lui dénie toute légitimité à être à nouveau candidat et que le RHDP appelle à sa candidature, le Président Ouattara semble vouloir se mettre au dessus des querelles des partis. D’ailleurs au cours de son discours à l’occasion de la clôture du congrès du RHDP, il a tenu à préciser qu’il est le Président de tout les ivoiriens et a tenu à rassurer son auditoire que :
« ces élections seront apaisées, démocratiques et transparentes » et que tout se passera bien, dans la paix et le calme. » Il leur a aussi demandé de lui faire confiance et que « la sécurité des populations continuera d’être assurée ».
Au regard de ces précisions, une réponse favorable aux militants qui appellent à sa candidature, au cours de ce congrès, le positionnera d’emblée comme le candidat d’un camp contre un autre, d’une partie du peuple contre une autre, ce qui accentuera les dissensions sociopolitiques dans le pays où le climat social est déjà délétère.
Pour certains observateurs, le Président Ouattara pourrait annoncer sa candidature éventuelle au mois d’août à l’occasion de la fête nationale comme il l’a fait en 2020 après le décès de Amadou Gon Coulibaly alors désigné candidat du RHDP à l’élection présidentielle de 2020.
Ainsi sa candidature sera perçue comme une réponse à l’appel de la nation, une volonté de se sacrifier encore pour le pays afin de maintenir la dynamique de développement ainsi que la stabilité et la sécurité en Côte d’Ivoire dans un contexte d’accroissement des facteurs d’instabilité et d’insécurité dans la sous région. Dans cette logique, le congrès du RHDP n’apparaît donc pas comme la bonne tribune pour annoncer cette candidature.
Alors que l’échéance électorale approche à grands pas, que l’opposition conteste sa légitimité à être candidat et que ses partisans multiplient les appels à sa candidature, Allassane Ouattara se fait désirer et les ivoiriens retiennent leur souffle.
Faith D