Le Burkina Faso entre progressivement dans la dernière ligne droite pour le scrutin présidentiel. Le dimanche 22 novembre prochain, le peuple devra décider lequel des treize candidats retenus devra diriger le pays, pour les cinq prochaines années. En attendant, tout porte à croire qu’on assistera à des élections pacifiques et transparentes. Néanmoins, les menaces terroristes qui pèsent sur certaines régions du pays depuis bientôt cinq ans, plongent les uns et les autres dans un sentiment d’incertitude.
L’installation du dispositif électoral au Burkina Faso est presque achevée. Le pays a connu quelques vérifications d’usage de la part de la communauté internationale, et est fin prêt pour la tenue des élections. Depuis plus d’un mois, le cadre est déjà posé et les divers participants à la course présidentielle sont connus.
13 candidats sur la ligne de départ
Les présidentielles du 22 novembre connaîtront la participation effective de treize candidats. Au nombre de ceux-ci, se distingue le président sortant, Roch Kaboré, candidat à sa propre succession. Le camp adverse est également dignement représenté grâce à la participation de Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition. Des figures politiques connues comme Eddie Komboï, candidat de l’ancien parti au pouvoir et Kadré Désiré Ouédraogo ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, ont aussi leurs noms sur la liste. Exilé au Canada, l’ancien Premier ministre sous la transition, Isaac Zida, sera également de la partie.
A celles-ci s’ajouteront huit autres candidatures, à savoir : Tahirou Barry (Mcr), Me Farama Ségui Ambroise (Opa-Bf), Monique Yeli Kam (Mrf), Ablassé Ouédraogo (Faso autrement), Gilbert Noël Ouédraogo (Adf-Rda), Do Pascal Sessouma (Burkina Vision), Pr Abdoulaye Soma (Soleil d’Avenir) et Claude Aimé Tassembedo (indépendant).
Une seule des 14 candidatures transmises au départ, a été recalée. Il s’agit de celle de Kindo Harouna. Sa candidature a été mise de côté par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), pour non-paiement de la caution. En termes d’élections inclusives, le Burkina fait bonne impression, en permettant à tous les bords politiques d’être représentés.
Vers des élections transparentes
Le dispositif électoral en cours d’installation au Burkina Faso semble fiable. C’est du moins le constat effectué par une mission conjointe de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union africaine (UA). Cette mission s’inscrit dans le cadre des protocoles sur la démocratie et la bonne gouvernance de la Cedeao et de l’UA. Elle vise à évaluer l’état de préparation des élections pour un scrutin crédible et pacifique.
Les résultats, à l’issue de cette mission, sont plutôt concluants. « La mission conjointe s’est félicité des efforts importants consentis par les autorités nationales, ainsi que tous les acteurs politiques pour l’obtention d’un consensus sur les questions majeures relatives au processus électoral notamment l’audit du fichier électoral », peut-on lire dans le communiqué final de la Mission conjointe.
Elle a invité les autorités du pays à prendre les dispositions nécessaires pour sécuriser le processus électoral. En outre, environ 70 observateurs seront déployés par la Cedeao et une trentaine par l’UA, pour s’assurer que les élections se déroulent dans les règles de l’art. Des experts de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sont également parvenus aux mêmes conclusions que la mission conjointe, après près d’une semaine d’audit.
Dans un climat social tendu
Alors que la date des élections présidentielles se rapproche à grands pas, elles ne pourront se tenir dans certaines régions du pays. Plusieurs communes de la région dite des ‘‘trois frontières’’ entre le Burkina, le Niger et le Mali, sont constamment sous menace terroriste. Deux jours avant le meeting du président sortant dans le nord du pays, le corps sans vie du chauffeur d’un député de la région, a été retrouvé à plusieurs kilomètres de la ville.
Le mercredi 11 novembre dernier, quatorze militaires se faisaient encore tuer dans une embuscade sur un axe routier, dans la même région. Le samedi 14 novembre, un groupe de djihadistes a été signalé. Ces derniers se déplaçaient à l’aide d’une centaine de motos et de cinq véhicules environ.
Le conseil constitutionnel a admis que l’élection ne pourrait avoir lieu sur environ un cinquième du territoire en raison de la « présence de groupes terroristes dans les localités, l’absence de l’administration dans les zones affectées et l’abandon par les populations de leurs sites d’habitation ».
En près de cinq ans, les attaques terroristes ont causé près de 1200 morts et suscité le déplacement de plus d’un million de personnes. Une force militaire a été mise en place en 2017 : la force conjointe du G5-Sahel. Néanmoins, celle-ci n’aboutit pas à de grands résultats face à la domination des forces djihadistes.
C’est donc dans un contexte social troublé, que le peuple burkinabé se rendra aux urnes le 22 novembre prochain, pour élire son prochain souverain. Rappelons que ce scrutin présidentiel sera également couplé à des élections législatives.