Mercy Estelle Chawla est la fondatrice de Jadys Zumba Fitness, un studio de remise en forme, pour les personnes qui veulent polir leur silhouette. Elle devient coach de fitness en 2010. A 37 ans, la mère de 2 enfants rêve de faire du Togo, son pays d’origine, une plaque tournante de la lutte contre l’obésité en Afrique. Pour y arriver, elle ambitionne construire la plus grande salle de fitness du continent, avec une capacité d’accueil de 200 personnes au minimum par heure.
Magazine In Afrik : Comment est née votre passion pour le sport ?
Mercy Estelle Chawla : Avant de devenir coach de fitness, j’étais commerçante car j’adorais le business. J’ai commencé le fitness suite à une prise de poids pendant ma première grossesse au cours de laquelle j’ai pris 39 kg. Au bout de 6 mois, j’ai perdu tous mes kilos grâce au sport, surtout la zumba. Pour me transformer, j’ai fait de la musculation, la boxe et la marche rapide. Mes moments préférés étaient les cours de zumba que je faisais toute seule dans ma chambre à l’aide des CD que j’ai achetés sur le site internet de la compagnie zumba. C’est de là qu’est née ma passion pour le fitness.
A partir de quel moment avez-vous décidé de faire de votre passion une carrière ?
Après avoir perdue tant de kilos avec une alimentation complètement saine, j’ai vite compris l’adage qui dit : « un esprit sain dans un corps sain » car je me sentais tellement nouvelle avec plein d’énergie, une joie de vivre et de porter tous les habits dont j’ai toujours rêvé (rire). En cet instant, j’ai su que je devais en faire une carrière.
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Autodidacte ou formée dans un centre professionnel ?
Très vite, j’ai adressé un courrier à la compagnie zumba fitness et j’ai reçu une réponse satisfaisante pour une formation de monitrice. Après ma formation, j’ai commencé par donner des cours et venir en aide aux femmes qui souffrent de l’obésité.
Aider une femme obèse à retrouver sa silhouette normale, c’est comme lui donner une deuxième chance de vivre. Pour moi, le sport doit être inclus dans la vie quotidienne de chaque femme active, à cause de notre train de vie d’aujourd’hui.
Le sport vient aider les femmes qui souffrent de surpoids, de l’obésité et aussi celles qui veulent vraiment rester en bonne forme pendant toute leur vie. J’ai décidé de rentrer chez moi au Togo pour m’installer et continuer à voler au secours des femmes qui ont des problèmes de santé dus au surpoids et à l’obésité. Pour moi, être coach, c’est assurer la santé, la beauté et le bien-être de tous.
Quelle plus-value votre métier vous apporte ?
Devenir monitrice de Fitness m’a permis de mieux communiquer et de mieux comprendre toutes personnes désireuses de changer leur vie. J’apprends aux gens comment gérer le stress. Je crée aussi des menus pour le régime alimentaire très sain et délicieux (rire). Grâce au sport, j’ai toujours le sourire aux lèvres, j’aime la danse et la musique. Avec la zumba, je suis devenue une meilleure danseuse et j’en fait profiter à ma clientèle chaque jour, pendant mes cours de zumba fitness.
En tant que femme coach sportif, n’y a-t-il pas des préjugés ?
Etre femme coach sportif ne surprend plus beaucoup de gens. Mais il y a des hommes qui ne croient pas en notre passion parce qu’ils doutent qu’une femme peut donner des cours aussi intenses. Mais quand on s’y met, ils regrettent d’avoir eu des préjugés sur ma personne et souvent, ils finissent par m’appeler « coach guerrière ou amazone. »
Mercy Estelle Chawla est la fondatrice de Jadys Zumba Fitness
Etant sportive, comment avez-vous géré vos périodes de maternité ?
Mes périodes de maternité ont été toujours très paisibles parce que ma belle-mère est tout le temps avec moi. Elle m’aide beaucoup à gérer mes deux enfants. Ainsi, j’arrive à donner les cours. J’ai toujours aimé donner des cours avec ma grossesse car ceci a motivé beaucoup de femmes à faire du sport même dans leurs périodes de grossesse. Cela leur a fait comprendre que la grossesse n’est pas une maladie, mais plutôt un moment de pur bonheur pour bouger son corps et préparer son accouchement paisible.
Quelles autres difficultés rencontrez-vous sur votre parcours ?
Mes plus grandes difficultés sont : le manque d’espace et de matériels de sport dans la salle de cours. Soit les clients débordent de la salle ou les matériels manquent pour les exercices. L’autre difficulté est de faire comprendre à ceux qui souffrent du diabète, de l’hypertension, de l’arthrose, du stress et autres maladies de civilisation que ces maux sont les conséquences de nos mauvaises habitudes alimentaires et que le sport aide à les prévenir. Il y a aussi cette capacité à pouvoir gérer les humeurs des autres puisque la plupart sont très stressés par leur quotidien ou le manque de confiance en soi.
Dans ce cas, il faut leur remonter le moral et leur assurer qu’elles sont belles et fortes. Je le fais avec beaucoup de bonheur et de passion. Avec mon travail, je passe moins de temps avec mon mari et mes enfants. Parfois, c’est très difficile parce qu’on se rend compte qu’on perd de précieux moments qu’on ne peut plus passer.
Qu’est-ce que Jadys Zumba Fitness?
Jadys Zumba Fitness est un studio de remise en forme pour tous les âges de 5 à 100 ans. Le plus âgée de notre studio a 80 ans et elle est toujours très dynamique. J’ai mis en place ce studio afin de répondre aux besoins de toute la population togolaise et celle des pays voisins où ils pourront se transformer physiquement et apprendre à manger sain pour supprimer l’obésité et les maladies de la civilisation. Le bien-être et la beauté sont deux choses qui me passionnent. Alors, j’ai incorporé un mini spa pour les clients afin qu’ils se décontractent après le sport, avec les massages et les soins corporels à base des produits naturels de l’Afrique.
A quel besoin répond votre ambition de créer la plus grande salle fitness d’Afrique ?
Mon ambition a toujours été d’avoir la plus grande salle de fitness en Afrique avec des matériels et coachs qualifiés. Avoir cette salle dans l’avenir ne serait que l’accomplissement d’un rêve. Avec cette salle, je pourrai mieux véhiculer mon message sur les réalités des personnes obèses et surtout les femmes, car elles souffrent en grande partie en silence. Elles subissent aussi beaucoup de pressions de la part de leurs conjoints, de la société et aussi de leurs familles.
La construction d’une grande salle bien équipée nous permettra de réaliser notre émission de télé réalité sur les femmes obèses en Afrique, et avec le temps, nous inviterons les femmes qui souffrent de l’obésité dans le monde à cohabiter, à faire du sport ensemble et à faire d’autres choses pour perdre du poids afin de montrer à toute l’Afrique que l’obésité est un facteur qui touche toutes les cultures. Je veux faire du Togo une plaque tournante de la lutte contre l’obésité en Afrique ceci est mon souhait le plus ardent.
Comment entendez-vous financer ce projet et à quel niveau d’exécution en êtes-vous ?
A ce jour, j’ai reçu l’autorisation du ministère de la santé, celui de la promotion de la femme et le ministère de la jeunesse et des sports, qui sont prêts à m’accompagner pour la réalisation de ce projet. Vu que c’est un énorme rêve à réaliser, depuis quelques années, je sollicite l’aide des partenaires en Afrique ou ailleurs pour la réalisation de ce projet qui me tient vraiment à cœur. Il y a aussi quelques bienfaiteurs qui ont cru au projet et m’ont soutenu matériellement. Jusqu’à ce jour, le projet est à sa phase de démarrage.
Quel est votre plus grand accomplissement ?
Mon plus grand accomplissement est que en 7ans, j’ai pu véhiculer mon message sur le fitness de telle manière que les togolais et surtout les togolaises s’intéressent plus au sport qu’avant. Surtout, beaucoup viennent vers nous pour apprendre à mieux manger ; ce qui fait beaucoup ma fierté. La population est devenue plus active, et je ne peux que rendre grâce à Dieu pour m’avoir ouvert l’esprit et guidé.
Quels sont vos conseils aux femmes entrepreneures d’Afrique qui raccrochent à la première embûche ?
Notre continent a besoin de nous pour le bâtir car l’Afrique est toujours vierge. Nous devons nous serrer les coudes, nourrir nos rêves et les garder plus près. Même si on échoue, on ne doit pas abandonner mais plutôt revoir nos erreurs et reprendre d’une autre manière. Car l’échec est une leçon pour mieux faire.
Alors femmes entrepreneures, l’Afrique a besoin de nous, les générations à venir ont besoin d’une base solide, alors ensemble femmes d’Afrique comme je le dis souvent : we have a dream ! So we can ! God is with us, we shall make it !
Propos recueillis par: Michaël TCHOKPODO