Le continent africain connaîtra un agenda politique très chargé cette année. Plus d’une dizaine de pays se rendront aux urnes pour élire de nouveaux dirigeants.
Mais si l’on peut déjà anticiper le déroulement des élections dans certains pays, il reste encore incertain dans la plupart. Après les élections ougandaises qui se sont déroulées le 14 janvier dernier, voici neuf pays dont les élections devraient retenir l’attention en 2021.
Somalie, 8 février
Les élections présidentielles en Somalie étaient initialement prévues pour décembre 2020 mais ont été repoussées pour des raisons logistiques et des différends concernant le processus de contrôle. Le gouvernement fédéral, dirigé par le président Mohamed Abdullahi Mohamed (dit Farmajo), et les cinq États membres fédéraux (FMS) ont convenu en septembre 2020 de nommer conjointement une commission électorale et un comité de règlement des différends. Des désaccords persistants sur ces sélections peuvent entraîner des retards supplémentaires. Par conséquent, le simple fait de parvenir à un accord sur un système équitable peut avoir autant d’impact que les résultats des élections de 2021 en Somalie.
Le président actuel, Farmajo, va tenter de briguer un second mandat de quatre ans aux prochaines élections.
Niger, 21 février
Aucun des 28 candidats en lice à l’élection présidentielle du 27 décembre 2020 au Niger n’a réussi à obtenir la majorité, entraînant un second tour de scrutin entre les deux principaux détenteurs de voix. Le ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme au pouvoir a remporté 39% des voix au premier tour, et l’ancien président Mahamane Ousmane du parti démocrate et social-Convention-Rahama est arrivé en deuxième position avec 17%.
Quel que soit le candidat qui l’emporte, cette élection est une étape importante pour le Niger, car ce sera le premier transfert démocratique de pouvoir que ce pays de 22 millions d’habitants aura connu. Le président Mahamadou Issoufou a démissionné après son deuxième mandat de 5 ans, créant ainsi un précédent de maintien des limites de mandat, et contribuant à institutionnaliser cet important contrôle du pouvoir exécutif.
République du Congo, 21 mars
Le président Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville est en passe de rejoindre une très courte liste de dirigeants africains qui dirigent leur pays depuis 40 ans ou plus. Actuellement son voisin centrafricain, le président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang est seul sur cette liste.
Pour l’heure, rien ne laisse penser que Sassou Nguesso, 77 ans, sera mis en difficulté lors des élections de mars. S’il est déclaré vainqueur, il sera élu pour le quatrième mandat consécutif depuis son retour au pouvoir en 1997.
Par le passé, il avait dirigé le pays pendant deux mandats de 1979 à 1992. Les contraintes constitutionnelles à son maintien au pouvoir, telles que la limite d’âge, ont été supprimées en 2015, ce qui lui a donné l’occasion de diriger le pays riche en pétrole pendant trois autres quinquennats.
Djibouti, avril
Le président Omar Guelleh envisage de prolonger son règne à un cinquième mandat, aux élections présidentielles de Djibouti. Le dirigeant de 73 ans, est au pouvoir depuis 1999. Les limites de mandats ont été levées en 2010, avant le troisième mandat de Guelleh, même s’il avait déclaré en 2005 qu’il ne servirait que deux mandats comme le stipule la constitution.
Bénin, 11 avril
Au Bénin, il apparaît de plus en plus clair que Patrice Talon sera candidat pour un second mandat à la présidentielle du 11 avril.
L’Union progressiste et le Bloc républicain, les deux partis de la mouvance présidentielle qui se partagent l’intégralité des sièges à l’Assemblée, ont déjà fait montre de leur soutien.
Le chef d’Etat s’est engagé dans une tournée nationale de reddition des comptes depuis fin 2020. Lors de cette tournée, il a fait la promesse d’élections inclusives.
Toutefois, le ou les candidats qui lui feront face sont toujours inconnus. Les poids lourds de l’opposition, à savoir Sébastien Ajavon et Lionel Zinsou, condamnés au Bénin, sont actuellement en exil à l’étranger.
En outre, les nouvelles règles instaurées en 2019 obligent les candidats à obtenir le parrainage de députés et d’élus locaux. Mais ni les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) ni le tout jeune parti Les Démocrates ne disposent d’élus à l’Assemblée, et seulement d’une poignée dans les conseils communaux pour les FCBE.
São Tomé et Principe Sao Tomé et Principe, 31 juillet
Le président Evaristo Carvalho va chercher son deuxième mandat de 5 ans aux élections présidentielles de juillet. Carvalho était auparavant Premier ministre, président de l’Assemblée nationale et ministre de la Défense. São Tomé et Príncipe jouit d’une démocratie multipartite compétitive et d’une histoire de transfert pacifique du pouvoir entre les partis. Les élections de 2021 devraient être inclusives et transparentes.
Le président remplit le rôle de chef de l’Etat. Le pouvoir est partagé avec un Premier ministre, qui forme un gouvernement à la demande du président basé sur la force des partis après les élections législatives. L’actuel Premier ministre, Jorge Bom Jesus, est entré en fonction en 2019 et appartient à un parti rival de celui du président. En 2019, des tensions sont apparues entre le président et le Premier ministre, concernant le pouvoir de nommer le gouverneur de la Banque centrale, mais ont été résolues.
Cap-Vert, octobre
Le Cap-Vert connaitra une série de deux élections, en mars et plus tard en octobre. Les élections législatives de mars détermineront la nomination d’un Premier ministre tandis que l’élection présidentielle d’octobre déterminera qui succédera au président Jorge Carlos Fonseca, qui démissionne après avoir purgé son deuxième et dernier mandat de cinq ans. Deux partis, le Mouvement pour la démocratie et le Parti africain pour l’indépendance du Cabo Verde, se disputent le leadership de la nation.
Le système politique du Cap-Vert comprend un président élu et un premier ministre nommé sur la base des résultats des élections législatives. Les élections législatives ont lieu 6 mois avant les élections présidentielles. En 2019, l’Assemblée nationale a adopté une loi sur la parité entre les sexes, qui a introduit un quota exigeant que 40% des listes de candidats aux niveaux national et local soient des femmes. Les élections de 2021 seront donc la première fois que ce quota sera mis en œuvre.
Gambie, 4 décembre
La présidentielle gambienne est prévue pour décembre 2021. La liste des candidats reste inconnue. Le président Adama Barrow envisage de se présenter aux élections. Il a battu l’ancien président Yahya Jammeh, qui a gouverné pendant 22 ans, en 2016.
Soutenu alors par une coalition de sept partis politiques, Barrow a promis de ne servir que trois ans et de démissionner. Mais l’homme a rompu sa promesse. Jusqu’à présent, le doute plane encore sur le ou les candidats qui feront face à Barrow lors des prochaines élections.
Libye, 24 décembre
Les participants libyens aux pourparlers dirigés par les Nations Unies en Tunisie en novembre 2020, ont convenu de tenir des élections parlementaires et présidentielles nationales en décembre 2021. Cet accord fait suite à un cessez-le-feu précaire en octobre entre les deux principales parties dans la guerre civile en cours dans le pays.
Le pays est plongé le chaos depuis le renversement du leader de longue date Mouammar Kadhafi en 2011. Et, à l’approche des élections de 2021, on ne sait pas qui pourrait diriger le pays 10 ans après Kadhafi. Le scénario le plus probable est qu’il y aura des noms inattendus au cours des 12 prochains mois qui pourraient changer le cours de l’élection.