Le nombre de décès causés par la Covid-19 en Afrique a franchi la barre des 100 000 vendredi. Ce chiffre représente une infime fraction des records enregistrés sur les autres continents. Toutefois, il est en augmentation rapide, alors qu’une deuxième vague d’infections plus virulente continue à frapper le continent.
L’Afrique compte désormais officiellement près de 100 350 décès liés à la Covid-19. Ces statistiques semblent favorables comparées à celles de l’Amérique du Nord, qui en a enregistré plus d’un demi-million, et à l’Europe, qui se rapproche des 900 000.
Cependant, le nombre de décès augmente à une vitesse alarmante à travers le continent, notamment en Afrique du Sud, qui en compte près de la moitié. « Nous sommes plus vulnérables que nous ne le pensions », a déclaré le directeur du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, John Nkengasong, à l’Associated Press dans une interview sur la pandémie.
Un taux de mortalité croissant
Les décès liés à la Covid-19 ont augmenté de 40% en Afrique au cours du mois dernier par rapport au mois précédent, selon le chef de l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’Afrique, Matshidiso Moeti. Ce pourcentage équivaut à près de 22 000 décès enregistrés au cours des quatre dernières semaines.
L’augmentation des décès est un « avertissement tragique que les agents de santé et les systèmes de santé dans de nombreux pays d’Afrique sont dangereusement surchargés », a-t-il déclaré, indiquant qu’une meilleure prise en charge des cas graves et des hospitalisations est désormais cruciale.
Toutefois, la dernière tendance montre un certain ralentissement. Au cours de la dernière semaine, le continent a connu une baisse de 28% des décès, a affirmé jeudi le CDC Afrique.
Un manque d’infrastructures pour gérer efficacement la pandémie
Une augmentation trop importante des cas de contaminations rendrait plus compliquée la gestion de la pandémie sur le continent. En effet, plusieurs pays ne disposent pas d’infrastructures suffisantes pour prendre en charge un trop grand nombre de malades.
« L’augmentation du nombre d’infections a conduit à de nombreux cas graves et certains pays ont vraiment eu du mal à y faire face », a déclaré à Reuters Richard Mihigo, coordinateur du programme de vaccination en Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous avons vu certains pays atteindre leurs limites en termes d’approvisionnement en oxygène, ce qui a eu un impact vraiment négatif en termes de prise en charge des cas graves », ajoute-t-il.
Une campagne de vaccination lente à démarrer
Le continent de 54 pays tarde encore à réceptionner ses doses de vaccin. Pourtant, si les vaccins sont disponibles, le continent devrait être en mesure de vacciner 35% à 40% de sa population avant la fin de 2021 et 60% d’ici à la fin de 2022.
Vendredi, un groupe de travail créé par l’Union africaine a déclaré que la Russie avait offert 300 millions de doses du vaccin Spoutnik V du pays, qui devrait être disponible en mai. L’UA avait précédemment obtenu 270 millions de doses d’AstraZeneca, Pfizer et Johnson & Johnson.
Seule une poignée de pays africains ont déjà commencé les vaccinations. L’Afrique du Sud et le Zimbabwe ont lancé leurs campagnes de vaccination cette semaine, les agents de santé et les dirigeants de première ligne étant les premiers à recevoir les injections, tandis que le Rwanda a commencé les vaccinations la semaine dernière.
Selon les prévisions de distribution de vaccins de l’alliance Gavi, de nombreux pays du continent ne recevront leurs premières doses de vaccins qu’entre fin février et début mars.