Erolf Zinga, 25 ans, est le Président de l’association KwetUmi qui vise la valorisation des richesses africaines, en permettant aux jeunes africains d’auto-financer leurs projets. Congolais de la diaspora, il est titulaire d’un DUT en Logistique et d’une Licence en Administration Economique et Sociale à la faveur de laquelle il a découvert et fait des expériences dans le monde associatif depuis bientôt quatre ans. Erolf Zinga se reconnaît volontiers « déterminé, très rigoureux et obstiné » par ses objectifs tournés vers l’Afrique. Avec un master en Management et Stratégie d’Entreprise en poche, il n’a pas hésité à créer avec quelques amis, l’association KwetUmi, au détour d’un voyage d’intégration en Afrique. Récit.
Magazine InAfrik : Créer KwetUmi résulte-il de votre insatisfaction dans ce qui se fait déjà dans l’accompagnement des porteurs de projets en Afrique ou est-ce votre façon d’entreprendre ?
Erolf Zinga : La création de KwetUmi résulte surtout de la frustration de voir que nous, jeunesse africaine, et plus globalement les africains, que ce soit pour des projets personnels, associatifs ou événementiels etc, devons toujours dépendre d’accompagnements et/ou de financements extérieurs (pour ne pas citer tous ces grands groupes ou structures). Nous avons petit à petit abandonné le concept UBUNTU qui est le cœur même de l’Afrique pour ainsi adopter le concept individualiste provenant de l’influence occidentale.
Avec KwetUmi, nous voulons permettre aux jeunes africains de « s’auto-accompagner », « s’autofinancer » et valoriser nous-mêmes nos propres richesses, tel que nous pouvons le voir au sein des communautés juives et asiatiques parfois. Au-delà de notre projet, nous visons surtout une conscientisation des richesses et valeurs Africaines avec non seulement les africains mais aussi tous les amoureux de l’Afrique qui sont prêts à nous suivre avec cette vision.

Logo KwetUmi
Quel a été le facteur catalyseur ayant favorisé la création de KwetUmi ?
Le facteur catalyseur de création de KwetUmi est ma participation au VIA : Voyages d’Intégration Africaine. Pour la petite histoire, je suis membre bénévole de l’organisation Hidaya (qui vise à former les afro-descendants et les afro-curieux à l’histoire de l’Afrique). En 2017 avec le RJIA (Réseau des Jeunes pour l’Intégration Africaine), nous avons co-organisé la 7ème édition des voyages d’intégration africaine au Ghana. Il faut savoir que le RJIA organise ces voyages depuis de nombreuses années.
Cette édition regroupait pour la première fois des jeunes venus de la diaspora et du continent avec des intervenants de qualité tels que Felwin SARR, Amzat BOUKARI-YABARA pour ne citer que ceux-là. Nous étions plus de 50 jeunes dont une quinzaine venue de la diaspora. C’est à travers ce voyage et ce que nous avons vécu, qu’en rentrant en France, nous (moi, quelques membres présents lors de ce voyage, ainsi que d’autres personnes qui nous ont rejoint) avons lancé ce projet, autour de deux grands axes de l’identité africaine : la famille et le réseau (un réseau Ubuntu).
Comment avez-vous financé la création d’une telle association, quel est la mise de départ et combien d’employés y travaillent ?
La création de KwetUmi a été financée sur fonds propres des membres fondateurs et adhérents, soit actuellement une dizaine de membres. Tous les membres sont bénévoles. L’idée réside dans le fait qu’en étant solidaire et tant que chacun apporte sa contribution, nous pouvons tous ensemble faire de grandes choses. N’est-ce pas le concept UBUNTU (je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous) ?
Pouvez-vous nous en dire plus sur KwetUmi ?
KwetUmi, c’est premièrement l’union de l’Afrique. Sa signification réside en deux langues africaines, Kwetu qui signifie « chez nous » en Swahili et Tumi signifiant « le pouvoir » en Ashanti. Notre organisation à but non lucratif a pour objectif de proposer des solutions aux acteurs privés et associatifs en terme d’accompagnement et/ou de financement sur leurs différents projets et évènements tournés vers l’Afrique ou contribuant à sa valorisation. KwetUmi, c’est donc la cause africaine, également par le biais de l’événementiel en créant nos propres événements afin de sensibiliser notre population à la cause africaine. KwetUmi : « le pouvoir de chez nous », se caractérise par la qualité, la richesse et la diversité des membres qui composent l’organisation. Nous contribuons ensemble à créer une communauté d’amoureux de l’Afrique avec des profils divers et variés.
Dites-nous, selon quel processus détectez-vous les porteurs de projets à accompagner ?
Nous créons premièrement des partenariats (généralement associatifs) dans les pays sur place. N’est-il pas préférable de collaborer avec des partenaires qui connaissent le terrain mieux que nous ? Ainsi, nous passerons par nos partenaires afin d’établir avec eux, notre démarche de détection de projets à accompagner. D’autre part, nous essayons de travailler avec notre réseau que l’on aime surnommer la Kwetu’Familia.
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Pensez-vous que les aides financière et matérielle et le mentoring sont suffisants pour accompagner les porteurs de projets ?
Pour le moment, nous n’avons pas assez de recul pour évaluer l’impact de nos actions. Néanmoins, l’un de nos objectifs est de créer un réseau de Kwetu (membres de KwetUmi) au sein duquel les membres pourront bénéficier d’un réseau avec des aides diverses et variées, même après la mise en œuvre de leurs projets.
Suivant quels critères peut-on bénéficier d’un soutien financier auprès de KwetUmi ?
Le montant du projet, la nature du projet, la valorisation et la promotion de l’Afrique à travers le projet, la contribution du projet au développement de l’économie locale, mais surtout au-delà même du projet, son ou ses porteurs ! L’ambition de KwetUmi est de financer ses « propres projets » à terme. Actuellement, nous essayons surtout d’orienter nos solliciteurs vers des organismes ou des pistes de financements publics ou privés.

Erolf Zinga
« Investir en Afrique : de quoi avons-nous peur ? » C’est le thème de votre premier brunch’talk. Comment cela s’est déroulé et quels messages voulez-vous faire passer à travers cette thématique ?
Le Brunch’Talk a tout d’abord été une réussite. Ceux qui en parlent le mieux, ce sont nos participants et intervenants. Nous étions un peu plus de 25 personnes, intervenants compris, ce qui est largement suffisant au vu du format que nous proposons. Le fait de proposer aux participants de partager un repas à volonté, des expériences, des savoirs, des conseils le tout dans une ambiance familiale, afin de sortir des formats conférence universitaire que nous avons l’habitude de voir, c’est le pari qu’on s’était lancé et cela a été une réussite. L’objectif du brunch a été de déconstruire les préjugés que nous, jeunes de la diaspora, pouvons avoir vis-à-vis de l’investissement en Afrique. Mais aussi de mettre nos participants face à des gens qui ont des impacts positifs et des expériences positives et négatives.
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Quelles sont vos ambitions sur les 10 ou 20 prochaines années ?
Soutenir au moins une dizaine de projets et/ou évènements par an, contribuant à la promotion des richesses de chez nous. Développer KwetUmi dans plusieurs pays d’Afrique afin d’apporter un soutien et un accompagnement plus efficace, en étant au plus près des besoins de nos solliciteurs.